30/01/2019
Un communiqué du Collectif Autonome des Policiers Île de France - CAP IDF
L’État est la machine qui préserve la domination d’une classe (Engels).
Si les grands médias permettent de connaître parfaitement la position du régime sur les Gilets Jaunes et en prime celle des mêmes médias qui est identique, si les réseaux sociaux, les contacts, les amis, les parents, donnent une idée des souhaits des Gilets Jaunes, il était temps d'entendre le sentiment des forces de l'ordre de terrain.
Nous avons retenu comme exemple un communiqué du Collectif Autonome des Policiers d'Ile de France.
Il a la bonne idée d'être assez représentatif et il est de plus en français ce qui changera car dans la rues les témoignages évoquant des hommes en uniforme échangeant en allemand se multiplient mais c'est probablement une hallucination populiste.
Collectif Autonome des Policiers Île de France - CAP IDF
Peu après le début de ce Mouvement des Gilets Jaunes, nous n'avons pas manqué de mettre en garde non seulement nos collègues, mais aussi nos "dirigeants" qui n'apportent vraisemblablement pas la réponse aux sollicitations des manifestants parisiens et provinciaux.
Nous avions prédit la tactique politicienne du "Diviser pour mieux régner", thème récurrent qui oppose systématiquement lesdits manifestants aux forces de l'ordre qui ont laissé le costume du "gardien de la Paix" par la force des choses, par la force inavouée des actions de plus en plus violentes de la rue.
Le visage de la Police s'est trouvé changé, le masque du bourreau violent et répressif aidant.
Nous ne sommes plus les Sauveurs des attentats, nous ne mériterions plus les louanges d'une foule en pleurs et reconnaissante. La Police est critiquée, vouée aux gémonies, vilipendée, salie par une frange grandissante de la population. Les gilets jaunes pacifiques se sont raidis, redressés, nous ont fait face dans une rage exponentielle avec les semaines. Les heurts se sont succédé, comme prévu, plus ou moins médiatisés par une presse docile. Les vidéos et fakenews ont surenchéri et ont contribué à une défiance profonde.
Nos troupes sur le tas, qu'ils soient flicards, officiers ou encore commissaires, n'ont jamais connu ce déferlement de violences depuis le début de leur carrière. Nous avons été en état de guerre dans de nombreuses régions de France, ne le nions pas !
Ces esprits échauffés, brûlants, offensifs et va-en-guerre ont contribué à ces violences d'un côté et à une répression sans précédent de l'autre.
Nos Etats-Major nous ont donné carte blanche pour nettoyer les rues, les directives ont été jusqu'à aujourd'hui des plus claires : Force doit rester à la loi, dégagez-nous tout ça !!... Nous en voyons les résultats. Plus de 1000 blessés dans nos rangs tandis que les gilets jaunes en comptabilisent plus de 1600.
Un médiatiquement connu comme pacifique a été lourdement touché ce week-end. Tollé général et la spirale se met en route. Notre ministre de l'Intérieur se félicite rapidement de la saisie de l'#IGPN en vue d'une enquête qui nous donnera vraisemblablement les circonstances dans lesquelles ce leader a été blessé à l'oeil. Monsieur #Castaner, qui a toujours nié les violences des forces de l'ordre, se montre soudainement fébrile et donne les instructions à la Préfecture de Police de Paris afin que l'enquête fasse la lumière sur cette tragédie.
Dès cet après-midi, des collègues départementaux de la banlieue parisienne se trouvaient dans le pressoir des "#BoeufsCarotte". Les limiers de l'Inspection Générale sont à pied d'oeuvre et leurs investigations vont s'enchaîner tout au long de cette semaine. Car la réponse à apporter est urgente. Il s'agit là d'une victime connue et représentative, cette fois-ci. Et non d'un citoyen lambda.
Chers collègues, rappelez-vous que nous avions prévu ces cas de figure qui vont se généraliser au vu des heurts commis et ceux à venir. La Police veille sur les manifestants, la Police des Polices veille sur nous, constamment, et nous devons le garder à l'esprit.
Cette guerre permanente va laisser des traces au sein des troupes. Outre la fatigue qui va se faire sentir davantage encore, la machine à broyer qu'est notre administration fera son travail de sape et se chargera d'en attraper quelques-uns qui serviront pour exemples, tels des lampistes...
Salis, nous sommes envoyés au charbon. Et voilà où nous en sommes ! Discrédités, jetés trop souvent au bûcher dans l'indifférence des syndicats de police majoritaires qui ne pipent mot, et encore moins sur les directs de plateau TV du samedi après-midi.
Les grenades sont dangereuses, nos lanceurs de patate (LBD) sont dangereux. Quand nombre de policiers sont considérés tout aussi dangereux, il serait opportun de réfléchir sur la suite à donner quant à la gestion opérationnelle et politique de ce Mouvement.
Puisque le couperet s'approche encore un peu plus de nos têtes, chers collègues, ne serait-il pas mieux d'éviter toute utilisation de ces armes et de refuser d'aller au contact dans ces conditions dantesques et de défiance d'une hiérarchie lâche ?
Nous sommes fatigués, nos familles sont inquiètes, nos conjoint(e) et nos enfants n'en peuvent plus, et nous risquons non seulement notre carrière mais aussi notre avenir...
Le président de la République a beau jeu de congratuler ses forces de l'ordre de l'étranger, nous connaissons beaucoup trop le sérail politique et ses collaborateurs de la haute administration et du milieu syndical pour confirmer que l'avenir des troupes s'annonce encore plus sombre que ce que nous avons imaginé dès le mois de novembre dernier.
Quand la bataille des mots politico-médiatiques fait rage dans l'outrance et l'outrage habituel, constatons une fois de plus que nous #fdo sommes les cibles privilégiées d'un jeu fomenté par ce petit monde déconnecté des réalités, jeu qui nous abat et duquel nous aurons vraisemblablement beaucoup de mal à nous relever...
CAP IDF
94100 Saint-Maur-des-Fossés
13:49 Publié dans Actualité | Tags : giletsjaunes, communiqué, information | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | | |
Les commentaires sont fermés.