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06/12/2014

Russie : Nos médias aux ordres de Washington

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Le 4 décembre le président de Russie Vladimir Poutine a prononcé au Kremlin un message à l'Assemblée fédérale de Russie, le Parlement. Son intervention traditionnelle est à la fois une analyse approfondie mais aussi un commentaire mis à jour jusqu'aux derniers minutes, des évènements, des situations russes et internationale mais aussi une réponse aux déclarations de dirigeants étrangers. Elle est l'annonce d'une orientation pour l'année à venir. En ce sens, les propos font écho au rapport de défense américain que nous traitions il y a quelques jours.

 Ce qui est intéressant, en plus de ce discours, est son commentaire invraisemblable dans les médias de France. Poutine est présenté d'une manière hallucinée et les commentaires sont stupéfiants de mauvaise foi. Certains n'ayant pas peur du ridicule vont jusqu'à médicalisé le propos en évoquant un Poutine fiévreux etc. Ce sont pourtant les politiciens français qui ont, depuis un moment, sombré dans un délire idéologique total par servilité envers Washington. Cerains pensent voir des chars et des troupes russes en Ukraine par exemple, une vision dans le pur sens du terme que l'OTAN a même du démentir. Servir la cause, c'est bien mais bon quand c'est trop gros, ça ne marche pas.

Bien loin d'une telle hystérie amplifiée par la pression liée à une crise économique qui s'aggrave sans cesse de l'Europe au Japon, c'est un Poutine droit dans ses bottes qui s'est exprimé depuis la salle des fêtes du Kremlin. Le propos se veut avant tout rassurant pour le peuple russe mais il l'est aussi pour de nombreux peuples à travers le monde conscients de la dérive actuelle de l'Occident. Parmi ces peuples il faut citer ceux qui subissent la guerre que nos impôts financent comme les syriens mais aussi les libyens, les libanais, les ivoiriens et des pays aspirant à la souveraineté pleine et entière comme la Chine, l'Inde, l'Iran, l'Afrique du Sud, le Brésil, le Venezuela, le Vietnam. Oui car de nombreux pays et de réelles puissances ne condamnent nullement la Russie dans l'affaire ukrainienne. La prétendue communauté internationale qui trépigne, c'est bien peu de chose en fait, une famille idéologique, en Italie on dirait une mafia.

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Novembre 2014, Poutine annonce la création d'une zone de libre échange entre l'Union douanière (Née en 2010, l'Union douanière entre le Bélarus, le Kazakhstan et la Russie exempte de droits de douane les marchandises circulant entre ces trois États, et permet leur libre circulation au sein de l'Union) suscitée par la Russie et le Vietnam. Elle initie ce type d'accord entre l'Union douanière et un pays tiers. Un camouflet de plus pour Washington.

 Poutine s'est montré pédagogique en expliquant que l'ennemi que devait combattre la Russie n'est pas en particulier un pays ou une alliance mais que la lutte se passe avant tout sur le plan des valeurs. En effet, l'Occident n'intervient plus directement sur le terrain en 2014 sauf s'il y a une totale absence de risques et qu'il peut user de la canonnière (Libye, Côte d'Ivoire). Il utilise désormais des intermédiaires, se contentant de facturer les opérations aux alliés. C'est le cas en Syrie avec l'islamisme radical ou en Ukraine avec la mafia et les milices néo-nazies entrainées en Pologne. Les sponsors américains du nouveau régime de Kiev sont ainsi mentionnés. Le pouvoir russe n'est évident pas dupe de l'origine du coup d’État et de la menace réelle qu'il fait peser sur les intérêts stratégiques militaires et économiques russes. S'il se refuse à rompre ouvertement avec l'Union européenne et les États-Unis, Poutine se montre ferme et admet que la crise est profonde et ne se réglera pas à court terme.

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Comme Bonaparte prit le pouvoir alors que les souvenirs de la Terreur étaient encore vifs, pour en empêcher le retour par l'ordre, et mettre fin surtout à la ploutocratie directoriale qui lui avait succédé, Poutine rétablit dans sa liberté une nation qui, ayant connu le plus durable des systèmes totalitaires, fut livrée après qu'il s'était lentement - et heureusement - amolli, à tous les désordres, violences, injustices que provoque inévitablement le consensus néolibéral de Washington. Toute la politique de Poutine possède une grande force démonstrative. Yannick Jaffré en parcourt le détail. Yannick Jaffré puise au meilleur de la philosophie politique pour nous faire suivre les étapes de ce retour russe. Pratiquant un billard à trois bandes historique, il confronte la Russie contemporaine, le Consulat et la France contemporaine. Il en sort une grande leçon de politique qui dessine en même temps une espérance pour la France. Yannick Jaffré est professeur agrégé de philosophie. Il préside le Collectif Racine, au sein duquel il milite pour la sauvegarde des savoirs et des humanités.Vladimir Bonaparte Poutine Ed. Perspectives Libres, 27€).

La question ukrainienne n'est donc pas éludée dans cette allocution (la Russie à quand même soutenu l'Ukraine à hauteur de 33 milliards de dollars pour apaiser la situation et soutenir un voisin qui livre son pays au pillage de groupes économiques étrangers)et le rappel des crimes de guerre sous la responsabilité de Kiev (sont cités par exemple les fusillades sans jugement, les opposants brulés vifs à Odessa...), de la stricte défense du droit international par la Russie alors qu'il est curieusement nié par l'Union Européenne et la fameuse communauté internationale n'est pas de trop.Il est à noter que Poutine distingue encore, à ce niveau, la fonction d'exécutant de Kiev et la véritable responsabilité criminelle des parrains occidentaux. On ne saurait être plus clair.

Mais ce conflit aux portes de la Russie n'est qu'un prétexte : Même sans la Crimée et l'Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités de la Russie. Et cette manière de faire ne date pas d'hier. Là encore, difficile de contredire le leader russe lorsqu'on a en mémoire la guerre contre la Serbie, l'Irak... Et il s'empresse d'insister sur un point, la Russie dispose d'une armée moderne, redoutable, prête au combat, un profil qui ne peut certes rivaliser avec le démentiel budget et arsenal de l'OTAN mais pourtant dissuasif, interdisant à ses ennemis d'espérer acquérir la suprématie militaire. Poutine se livre alors à quelques rappels historiques loin d'être superflues pour les jeunes générations. Il évoque la lutte russe contre l'invasion nazie (si on est au fait du financement anglo-saxon de la montée du nazisme, ce rapprochement prend tout son sens). Hitler s'apprêtait à anéantir la Russie et à nous repousser jusqu'à l'Oural. Tout le monde doit se souvenir comment ce genre de choses se termine précise t-il et cette mise en garde souligne la violation flagrante des accords de Moscou passés autrefois entre la Russie et les États-Unis. La progression constante de l'OTAN vers l'Est depuis des années en est, en effet, la permanente trahison.

 Poutine une politique de type gaulliste (sans ses erreurs à ce jour) et avec des résultats incontestables sauf pour les partisans d'une France dirigée depuis Washington. Sous sa direction le PIB russe est passé de la 36e place mondiale à la 5e. Il a nationalisé 65% de l'industrie pétrolière et 95% de celle du gaz, les réserves de changes du pays ont été multiplié par 48. Les exportations de céréale dépassent maintenant celles des États-Unis. Le déclin démographique de 1.5 millions d'habitant par en en 1999 est stoppé et on constate désormais une croissance naturelle de 0.22%/an. Décembre 2014 la cote de popularité atteint 87% et le niveau de vie est quatre fois supérieur à celui de l'Ukraine.

Cette progression désormais plus seulement par la corruption mais par la guerre et le terrorisme offre à la Russie une opportunité, celle de retrouver la position évoquant la France des années De Gaulle, celle d'un pays non aligné et menant une politique dans l'intérêt de sa population avant tout dogme idéologique. Un politique qui est de toute évidence celle du nouveau géant économique chinois. Et alors que de manière comique et décalée par rapport à la réalité le secrétaire d'État américain, John Kerry, appelait depuis Bâle la Russie à ne pas s'isoler par ses propres actions on a constaté ses derniers mois la multiplications des accords de coopération entre la Russie et de nombreux pays comprenant sa position et la nécessité d'un monde multipolaire. Nous avons hélas vu comment la France trahie au plus haut niveau a encore une opportunité formidable de relancer son économie et de bâtir un partenariat fructueux pour son appareil militaro-industriel avec un fournisseur d'énergie majeur pour le siècle qui débute.

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Il ne faut jamais désespérer. Qui aurait pu croire à un avenir russe après les années Eltsine? L'histoire nous apprend que les bonnes personnes se trouvent parfois au bon endroit au bon moment et elles sont parfois une simple femme de chambre dans un Sofitel. Hélas, certains partent trop tôt.

Pour conclure, Poutine s'est penchée sur la question économique et si la Russie a été bien peu touchée par les sanctions injustifiées de l'Europe et retrouve cette année de la croissance avec des contrats fabuleux signés avec la Chine, l'Amérique du Sud et même la Turquie, cette situation de tension a été l'occasion d'une prise de conscience salutaire. Un pays doit avant tout compter sur ses propres forces, notre développement dépend d'abord de nous-mêmes. Une amnistie totale va être offerte aux affairistes russes rapatriant leurs biens (on ne leur demandera pas d'où vient cet argent ni comment il a été gagné) cela concerne un montant de l'ordre de 110 milliards et le combat d'une dépendance critique aux technologies et productions industrielles étrangères sont au programme. Avec une cote de popularité de 80% le maître du Kremlin ne devrait avoir aucun obstacle sur cette route.

Au final l'allocution du président russe devant le parlement n'est pas différente d'une position conservatrice de type gaulliste par sa défense de la patrie et des intérêts vitaux, des valeurs traditionnelles, celles qui ont fait leurs preuves. La défense de la famille et la fin des années d'effondrement du taux de natalité sont le meilleur exemple de la réussite du travail de Poutine. Cette politique appuyée sur des élections, une immense popularité admise par les observateurs même américains (de l'ordre de 80% de satisfaits) et des résultats spectaculaires depuis 10 ans est aussi sur le plan économique un libéralisme économique dont seuls les excès sont limités par l’État. C'est sans doute cette réussite d'un système qui n'est pas sans rappeler le modèle français des 30 glorieuses qui fait aujourd'hui l'horreur d'un Occident en échec.

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Interrogé il y a peu dans le Point sur sa politique s'il était encore en activité, Roland Dumas déclare: J’aurais rétabli une vraie politique française avec la Russie ! La France doit rétablir une relation privilégiée avec la Russie. Nous traitons mal les Russes, contrairement à ce qui peut se dire dans le monde ! Nous ne tenons compte d’aucun des engagements qui ont été pris, notamment avec Gorbatchev concernant la conférence de Moscou. L’alliance outre-Atlantique n’a pas tenu ses engagements envers Moscou. Je suis contre l’injustice même en politique internationale.

Car le désastre social et économique de l'Occident, de cette fameuse communauté internationale qui se limite à un tout petit bout de la planète à savoir l'OTAN et ses alliés directs est essentiellement du au rejet du politique au profit d'un capitalisme purement financier et prédateur. Ce capitalisme néo-libéral est parvenu à s'affranchir de toutes les limites hier imposées par les religions traditionnelles (catholicisme, islam, orthodoxie), le politique pour s'imposer comme seul référent au nom du progrès, de l'égalité, de la croissance. Cet objectif qui comporte la destruction de la famille, de la nation, ces cellules élémentaires qui protègent la personne est aujourd'hui largement atteint et on peut déjà juger de son résultat, un appauvrissement global, un accroissement des écarts entre pauvres et riches (destruction accélérée de la classe moyenne), la diminution constante des libertés fondamentales (censure, uniformisation de information, persécution des dissidences). La Russie opte pour un chemin différent et ses objectifs en matière de "progrès" ne sont pour l'instant pas synonyme de régression sociale et de perte de souveraineté. Il serait bon de s'en inspirer.

12:05 Publié dans Actualité | Tags : poutine, bilan, 2014, france, occident, avenir | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | | | Pin it!

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