13/06/2023
Guerre, paix, ingérence, le joug de la marchandise est là (1/X)
Juin 2023, Les responsables du département américain de la Défense dénonce de nouvelles lois dans divers États s'opposant à un certain l'activisme LGBTQ dont l'interdiction des chirurgies de changement de sexe pour les enfants précisant que la législation pourrait saper l'état de préparation de l'armée américaine. Gil Cisneros (politicien d'abord Républicain qui a gagné 226 millions de dollars au loto et est devenu Democrate, ce qui est cohérent au niveau de la guerre de Classe) fait ici allusion aux projets de loi adoptés, proposé,s dans déjà plus d'une douzaine d'États à majorité républicaine sur des sujets associés au thème LGBTQ. Ainsi, certains États américains ont interdit de donner des bloqueurs d'hormones ou la pratique de chirurgies de changement de sexe aux mineurs et aussi interdit aux écoles de conseiller les enfants sur l'identité de genre sans le consentement des parents. La Floride a interdit une éducation en classe sur "l'identité de genre" et l'orientation sexuelle, des programmes que le gouverneur Ron DeSantis a condamnés comme « endoctrinement ».
« Tandis que les serfs fugitifs ne voulaient que développer librement leurs conditions d’existence déjà établies et les faire valoir, mais ne parvenaient en dernière instance qu’au travail libre, les prolétaires, eux, doivent, s’ils veulent s’affirmer en tant qu’êtres humains, abolir leur propre condition d’existence antérieure, laquelle est, en même temps, celle de toute la société jusqu’à nos jours ; ils doivent abolir le travail. C’est pourquoi ils se trouvent, de ce fait, en opposition directe avec la forme que les individus de la société ont jusqu’à présent choisie pour expression d’ensemble, c’est-à-dire en opposition avec l’État et il leur faut renverser l’État pour réaliser leur personnalité. »
Marx et Engels – L’idéologie allemande
« … Dans le dernier chapitre de mon 18 Brumaire, je remarque… que la prochaine tentative de révolution en France devra consister non plus à faire passer la machine bureaucratique et militaire en d’autres mains, comme ce fut le cas jusqu’ici, mais à la détruire. »
Marx – Lettre à Kugelmann, le 12 avril 1871
« L’émancipation du prolétariat aura, elle aussi, une expression particulière et une nouvelle méthode de guerre spécifique. Cela est évident. On peut même déterminer cette stratégie à partir des conditions matérielles d’existence du prolétariat. »
Engels – Écrits militaires
Au moment où le capital a intégralement digéré la politique, grâce à la domination désormais totalement réalisée de la valeur qui s’est débarrassée de tout ce qui l’avait précédée dès lors qu’elle ne l’avait pas absorbé, la critique sociale de la domination se pose d’abord comme une exigence de compréhension généalogique des formes historiques du politique, de ses nécessités de paix et de ses obligations de guerre. Au lieu de poursuivre la réhabilitation de la politique comme s’y emploient tous les courants de pouvoir de la conscience fausse, le questionnement du réel historique existant doit remonter à la véritable essence des chaînes de l’esclavage en étant attentif à dénoncer toutes les entreprises idéologiques qui, ayant pour objet la transformation de l’État, barrent la voie, sous le couvert de renouvellement politique, à l’émancipation humaine.
La guerre est une dynamique d’in-humanité mais comme tout ce qui est in-humain du point de vue du sens, elle est aussi une spécificité foncièrement humaine au niveau de la matérialité pratique qui la rend possible lorsque l’être humain communautaire des temps premiers bascule graduellement dans la temporalité sociale du temps de l’avoir. Certes, les animaux chassent et tuent pour se nourrir mais ils ne se font pas la guerre. Et les seuls animaux qui connaissent la destruction organisée de l’autre d’une façon qui pourrait se rapprocher vaguement de la guerre des hommes sont les insectes sociaux comme les termites et surtout les fourmis. Mais ces derniers à l’inverse des êtres humains qui combattent et détruisent dans un imaginaire d’aliénation où l’intentionnalité a cependant toute sa part, attaquent et anéantissent dans une mécanique d’automatisme où l’esprit est inexistant.
L’homme est un animal historique qui peut accéder à la conscience de l’histoire et c’est l’histoire de cette conscience qui lui permet d’accéder à lui-même. L’homme a vécu un temps non-politique où la communauté ignorait la division du vivre et où les conflits de l’agir ne dégénéraient jamais qu’en guerre ponctuelle et limitée. Il a vécu ensuite un temps politique où la société a diffusé le vivre de la division et de l’agir conflictuel qui génère la guerre de plus en plus illimitée et permanente…
Les communautés primitives constituent des groupes humains dont la violence est équilibrée dans la maintenance d’une dynamique sociale qui a d’abord pour objet d’empêcher le morcellement de l’être et l’émiettement dans les dispersions de l’avoir. Au cœur des communautés de l’être, la guerre est ainsi un rituel commun qui préside à cet exercice de perpétuation de l’ordre anti-économique et anti-politique par lequel est bloquée la dialectique de l’échange et du dé-membrement par les collisions avec l’externe. La guerre est ici un acte d’attaque contrôlé destinée à sauvegarder l’indivision par la neutralisation du potentiel des conquêtes in-maîtrisables de la déchirure qui résulterait de l’échangisme venu de l’extérieur.
Cérémonie de la fierté LBGTQ+ du ministère de la Défense au Pentagone le 7 juin 2023. L'utilisation politique et militaire massive des minorités sexuelles fait suite à l'instrumentisation des minorités ethniques. Mettre en avant en période de crise économique sans solution, en période de guerre, une marginalité, n'est sûrement pas une bonne idée car la demande de ce qu'il faut bien qualifier des privilèges ne fait que la soumettre à la loupe du jugement de la majorité, c'est ainsi la mettre en danger car c'est mettre fin à la vie privée et aussi faire entrer la police et l'état dans la chambre à coucher, cela se termine toujours mal.
Dé-fier le voisin et lui faire de temps à autre une guerre courte et localisée, c’est là tout bonnement rechercher le paravent à un voisinage qui sans cela deviendrait échangiste car si l’ennemi est celui avec qui on ne troque pas, la guerre se signale consubstantiellement comme le mode de relation à l’autre le plus évident pour précisément neutraliser l’enclenchement de la dérive transactionnelle. Ainsi, la paix pour les communautés primitives prend-elle la place historique et symbolique d’un simple intermède qui ne saurait durer puisque par-delà la restitution des captifs qu’elle permet régulièrement, elle exposerait si elle se prolongeait à ce que soient instaurées les bases commerciales d’une déperdition vers l’avoir.
Aux origines de l’énonciation, on trouve deux mots latins pour désigner l’étranger : hospes et hostis. La dualité est là le signe historique de ce par quoi s’affirme l’étranger. L’étranger est à donc à la fois l’hôte imaginable et l’ennemi envisageable.
Hospitalité et hostilité sont donc ces deux tendances contradictoires et complémentaires par lesquelles peut se définir la nature du possible relationnel à l’égard de l’autre. Le contenu étymologique des mots révèle ici trois acceptions sociales: celle de la personne qui accueille, celle de la personne qui est accueillie et dans ce dernier cas, celle de l’étranger. Enfin, hostis acquiert une quatrième signification qui lui assigne la valeur d’ennemi. Nous sommes là en présence d’antinomies sémantiques parfaitement logiques qui mettent en rapport direct celui qui est signalé comme étant différent par son origine distincte, celui que la communauté juge digne de son hospitalité en temps de paix, de troc et de palabres et celui envers lequel elle éprouve une franche hostilité en temps de guerre lorsqu’il convient sans cesse d’aller recréer cet espace de violence contrôlée qui rend impossible la profusion irrépressible des prédations de l’acquisition.
Qu’en est-il de la réalité du produire dans la communauté primitive ? A cette question fondamentale, la réponse classique du discours économique de la justification mensongère est la suivante : la communauté archaïque survit dans un monde de subsistance et de pauvreté et elle parvient tout au plus à simplement assurer la survie du groupe incapable qu’elle est de sortir du sous-développement technique. Le sauvage écrasé par son environnement écologique et sans cesse guetté par la famine et l’angoisse, telle est donc l’image officielle habituellement répandue par les savoirs de la légitimation universitaire et médiatique du faux.
Travestissement théorique et pratique des faits, réplique forcément Marx confirmé d’ailleurs par tous les travaux sérieusement effectués sur le terrain et notamment ceux de Marshall Sahlins qui passant en revue détaillée et chiffrée les cadres de vie des chasseurs australiens et Bochimans ainsi que ceux de multiples groupes néolithiques d’agriculteurs primitifs tels qu’on pouvait encore les observer au siècle dernier en Afrique ou en Mélanésie, au Viêt-Nam ou en Amérique du Sud, démontre que non seulement la communauté primitive n’est pas un monde de misère mais qu’elle est a contrario la première et jusqu’à présent la seule structure sociale d’abondance connue. Comme le souligne Engels, si l’homme primitif des forêts germaniques ou canadiennes ne rentabilise pas son activité, ce n’est non pas par ce qu’il ne sait pas le faire, mais parce qu’il n’en a ni le besoin ni l’envie.
La communauté primitive produit, sans y passer beaucoup de temps et sans dépenser beaucoup d’énergie, exactement et exclusivement ce dont elle a besoin pour pouvoir reproduire son pouvoir de production communautaire qui est le seul pouvoir qu’elle accepte et reconnaisse. Quant à la violence qui la traverse de façon éminemment symbolique et limitée, loin d’avoir ses racines dans une instance de pure animalerie biologique qui déboucherait sur une sorte de chasse à l’homme étroitement pulsionnelle, elle manifeste simplement la nécessité de maintenir l’unité spatio-temporelle de l’être ensemble contre le péril des scissions spatiales de la temporalité commerçante à venir.
Ainsi, la violence primitive ne repose nullement sur le poids de la rareté qui découlerait des difficultés d’existence et de subsistance propres aux milieux particulièrement hostiles (forêt amazonienne, steppes euro-sibériennes ou déserts arides…) ne permettant pas aux populations indigènes de pouvoir maîtriser ces environnements ingrats qui les condamneraient dès lors à une irrésistible pauvreté ne pouvant leur procurer que le minimum vital à la simple survie. La guerre, bien loin donc d’être là, le seul moyen de se procurer les ressources essentielles au détriment des autres vient dire que les communautés primitives de l’abondance ne peuvent se penser et se réaliser qu’en excluant l’échange avec l’autre et que le souder dans le conflit armé est le mouvement communautaire qui réduit là tout autant les risques de division interne que de dissolution externe.
L’in-admissible pour les communautés primitives serait d’accepter le clivage interne qui mène à la perte d’autonomie et cela nous éclaire sur leur volonté de ne jamais faire de guerres définitives et sans restriction puisqu’un tel cas de figure impliquerait justement la division de ces mondes en un vaincu et un vainqueur, entraînant une dépendance de l’un vis-à-vis de l’autre et la perte immédiate de leur homogénéité globale et particulière.
Pour éviter tout risque de défaite totale, il est donc impératif de créer des alliances avec d’autres tribus, ce qui renforce en parallèle l’élargissement des dons, contre-dons et trocs et les explique sous un nouvel angle : il y a du contact parce qu’il y a de l’alliance, et non pas le contraire. La communauté peut d’ailleurs adopter des étrangers et, de ce fait, les admettre comme membres d’elle-même. Ainsi, chez les Iroquois, les prisonniers de guerre qu’on ne tuait pas devenaient, par adoption, membres de la tribu et recevaient de ce fait toutes les prérogatives d’identité de la tribu. La réception solennelle dans la communauté avait lieu en présentation publique devant l’assemblée générale communautaire, ce qui en faisait véritablement un moment cosmique du perpétuel refonder. La communauté primitive cherche avant tout l’autonomie et l’anti-hiérarchie, et c’est pour les conserver qu’elle consent à contacter dans un réseau d’alliances et de choix déterminés ayant avant tout comme finalité de repousser les changements de l’échange.
A l’opposé, dans les temps advenus de la société de l’avoir et du règne de l’économie et de la politique, la guerre n’a plus pour fonction de bloquer le possible développement des espaces du pouvoir de la quantité. Tout à l’envers de ce que l’on pouvait rencontrer dans les communautés de l’être, les sociétés de la possession font la guerre, non pas de manière mesurée, mais de façon de plus en plus immensurable, non pas pour restreindre le plus possible le champ des perditions dans les espaces du calcul mais, au rebours, pour atteindre les extensions de calcul les plus étendues possibles dans l’espace de la perte de l’être.
La guerre des communautés primitives est un cercle combattant qui entoure l’être communautaire pour le rendre im-perméable à la dialectique de l’avoir. La guerre des sociétés de l’avoir est une spirale de conflits toujours plus vastes, effrénés et terribles pour que l’appropriation rende tout perméable à son totalitarisme ascendant.
Alors que la guerre des communautés primitives vise à finalement prévenir l’apparition des sociétés de l’avoir, les guerres du pouvoir de la rentabilité ont, elles, pour objectif d’étendre à l’infini l’extension du devenir de la possession. Dans les temps monarchiques pré-capitalistes qui ont succédé à la destruction civilisationnelle de la vieille communauté de l’être par la division fonctionnelle du Tout primordial en sphères militaire, religieuse et paysannes séparées, la guerre est le langage politique des valorisations foncières du temps de l’espace. La guerre moderne de l’hécatombe totale comme économie politique des rentabilisations marchandes de l’espace du temps de la valeur ne se manifeste en tant que modernité de l’avoir triomphant qu’après que la dynamique du prêt d’argent à l’État royal pour briser les féodaux ait elle-même démoli la monarchie puis balayé la bourgeoisie supplantée définitivement par la dictature anonyme et impersonnelle du langage hors-sol de la classe capitaliste de l’anti-qualité absolue.
Avant une victoire spectaculaire aux Présidentielles qui a déboussolé les médias occidentaux et montré le ridicule de leurs prévisions militantes, le Président turc Recep Tayyip Erdogan, défenseur déterminé de la famille et des valeurs islamiques traditionnelles, a de nouveau qualifié l'opposition de "LGBT" et insisté sur le fait que l'idéologie libérale occidentale n'infiltrera jamais son parti au pouvoir ou ses alliés nationalistes. Erdogan a accusé à plusieurs reprises son adversaire Kilidaroglu et ses alliés d'être pro-LGBT à l'approche des élections, faisant des allégations similaires dans son discours de victoire devant les foules en liesse à Istanbul. L'ingérence américaine sous le drapeau de minorités sexuelles instrumentalisées n'échappe plus à personne sauf à ses partisans soumis. Cette stratégie est en train de mettre en place, en réaction et et tel un rouleau compresseur, un rapprochement civilisationnel de l'Afrique, du monde arabe, de l'Orient continental (mais aussi de l'Indonésie) aux côtés de la Russie.
Demain, pour imposer le surgissement de la vérité du vivre l’être, l’humanité devra liquider le temps politique de la guerre et de la paix qui ne sont que les deux faces de la même séquestration commerciale puisque la paix désigne tout simplement l’état de calme et de tranquillité aliénatoires qui prépare les perturbations et l’agitation à venir du conflit militaire par lequel va naître un répartir plus avancé du pouvoir des échanges.
La paix n’est rien d’autre qu’un intervalle entre deux guerres et si la guerre s’oppose à la paix c’est exclusivement en ce qu’elle s’y articule comme son opposé sur le même territoire de domestication politique et économique des hommes qui, chair à travail ici, chair à canon là, demeurent de toute manière des objets de consommation violemment expropriés de leur propre existence et réduits au rôle de simples trophées sociaux de la pseudo-vie.
L’essence du politique est une activité consubstantielle à l’existence humaine dès lors que l’homme cesse d’exister humainement et que la communauté de l’être se dé-compose pour laisser place à la société de l’avoir et du séparé qui pour unifier ce qui ne l’est plus fait appel au surgissement de l’étatique lequel n’est pas le résultat d’une convention mais d’une aliénation de l’essence naturelle de l’homme qui dé-génère en inversion culturelle de son lui-même.
La politique n’est ainsi pas autre chose que l’art aliénatoire d’établir, de cultiver et de conserver entre les hommes domestiqués les conditions nécessaires, essentielles et homogènes de la vie sociale de la domestication adéquate aux impératifs des commandements de l’avoir.
L’économie politique de l’oppression, représente la conséquence et l’accomplissement du mouvement historique de perte et d’oubli de la communauté de l’être qui commence avec le surgissement politique de la société et l’érection sociale du politique. Si les pré-socratiques pensent l’alerte ontologique et unitaire du cosmos total de l’être en un temps où celui-ci vient visiblement d’être éclaté par la temporalité aliénatoire des Cités, à partir de Socrate et de Platon ne va cesser de se poursuivre, de chimère méta-physique en fantasmagorie esthétique et de duperie éthique en hallucination politique, le travail mystificateur des spécialisations du séparé et de la conscience fausse qui conduisent insensiblement au triomphe des temps modernes de la marchandise. L’économie du pouvoir qui est née de la mort de la communauté première est l’expression théologico-politique de l’oubli de l’être parvenu à son accomplissement. C’est en cela qu’elle est le règne du néant de la vraie vie.
(à suivre...)
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